
artiste peintre

Micha Tauber is an artist of dutch origin, she lives and works between Burgundy and Paris
Je crée à partir de fragments. Des papiers collectés, des traces glanées, des matières
trouvées au hasard des lieux. Je les assemble, les superpose, les efface parfois, comme
pour recomposer une mémoire en mouvement. Ce geste de collecte et de recomposition est au cœur de ma pratique : il me permet de relier le passé et le présent, l’intime et le collectif.
Mon travail s’apparente à un palimpseste, où les couches s’accumulent et se transforment. Chaque œuvre garde la mémoire des gestes précédents : un effacement, une trace, une transparence. Je cherche moins à représenter qu’à relire le monde à partir des sensations. Mon regard est souvent inversé, renversé, comme si la peinture me permettait de déplacer les repères et d’explorer une topographie de l’intime.
Je parle souvent de carte mentale, car mes toiles fonctionnent comme des paysages
intérieurs. Les lignes, les couleurs, les formes et les fragments collectés s’y organisent
comme une géographie plastique. Chaque peinture devient une tentative d’orientation dans un territoire fait de souvenirs, d’émotions et de perceptions.
La couleur en est souvent le point de départ : celle du jour, d’une lumière, d’une humeur.
Elle guide mon geste, elle relie le dehors et le dedans.
Le motif de la maison revient régulièrement, sans que je le cherche. C’est une forme d’abri, un repère. Il traduit la nécessité de se construire un refuge, d’habiter le monde autrement. Comme dans l’enfance, lorsque je fabriquais des maisons miniatures dans le magasin de jouets de mon grand-père, je continue aujourd’hui à créer des espaces à arpenter, à traverser.
Peindre, pour moi, c’est aussi réparer. Par le collage, la superposition, la trace du pinceau,
je cherche à apaiser, à redonner place à ce qui semblait perdu. Ce geste de réparation
s’étend parfois au-delà de l’atelier, dans des contextes collectifs ou in situ.
À la chapelle de Vauguillain à Saint-Julien-du-Sault, en Bourgogne, j’ai déroulé une toile de onze mètres pour raconter l’histoire du lieu, une chapelle devenue tour à tour forteresse, lieu de culte et refuge. J’y ai travaillé en mouvement, autour de la toile, dans une forme de chorégraphie. Le corps participe au geste, comme une manière d’habiter la peinture.
Je me considère comme une artiste collectionneuse de traces. Je tisse des liens entre la
matière, les lieux et les mémoires. À travers la peinture, le collage et la gravure, je cherche à révéler la beauté silencieuse de ce qui reste, et à transformer la mémoire en paysage vivant.
Micha Tauber












